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Origines de la théorie de l'Âge de Glace - Episode 6 - La dernière période glaciaire - Partie 1

Le sixième épisode portant sur les orgines de la théorie de l'Âge de Glace nous emmène pour un voyage dans le temps, vers le début de la dernière période glaciaire, il y a 70 000 ans.

Vulgarisation 01 juil. 2022

Bonjour à toutes et à tous et Bienvenue !

Terres du Passé est heureuse de vous partager, aujourd'hui, le nouvel épisode de la mini-série portant sur les origines de la théorie de l'Âge de Glace !
Dans cet épisode, nous nous écartons quelques peu des scientifiques du XIXe siècle afin de prendre quelques minutes pour parler de la dernière période glaciaire.

Êtes-vous prêts à remonter le temps et à vous immerger dans un monde où tout était à la fois si similaires et si différent de ce que nous connaissons ?

Alors embarquez et en avant, direction la dernière période glaciaire !

Script et sources de la vidéo

Bonjour à toutes et à tous et Bienvenue pour cette nouvelle vidéo de Terres du Passé !

Aujourd'hui, nous entamons ensemble le sixième épisode portant sur les origines de la théorie de l'âge de glace !

Dans la continuité de l'épisode précédent, nous allons nous écarter encore un petit moment des scientifiques du XIXe siècle afin de retracer l'histoire de la dernière période glaciaire, plus communément appelée l'Âge de Glace !

-- Générique --

L'Âge de Glace... son nom est porteur de son état : glacial ! On appelle ces périodes si froides, car il y en a eu plusieurs dans le passé, des périodes glaciaires. Aujourd'hui, nous avons, comme vous le savez, des calottes glaciaires, aussi appelées des inlandsis : une grande calotte sur le Groenland, et une immense sur l'Antarctique. Ajoutons que les eaux du pôle nord, de l'Arctique, qui est en fait un océan, sont recouvertes de glace de mer durant plusieurs mois chaque année.

Et pourtant, malgré toute cette glace, nous sommes en période interglaciaire, donc chaude !

Et là, je vous entends déjà murmurer :

"Si on est en période INTER-glaciaire, ça veut dire qu'on est entre deux périodes froides, pas vrai ? Pourquoi donc nous embêter avec ces histoires de réchauffement climatique puisqu'on va avoir à nouveau une période froide bientôt ?"

Vaste, vaste sujet que que cette question ! Et je développerai les réponses apportées par la communauté scientifique internationale dans la série portant sur le GIEC, le climat et le réchauffement climatique, dont le premier épisode est sorti la semaine dernière.

Ici, comme ce n'est pas le sujet, ou en tous cas, pas directement, je ne vais y répondre. Cette vidéo va par contre vous permettre de comprendre comment a fonctionné le système climatique de la Terre (et donc plus simplement le climat) dans le passé. Avoir cette connaissance permet ensuite de comparer ce qui s'est passé avec ce qui se passe aujourd'hui et donc de prendre la mesure des problèmes qui se posent, liés aux activités humaines et au réchauffement climatique.

J'ajouterai tout de même qu'un refroidissement ne se produira pas avant plusieurs siècles, et même, plus probablement, plusieurs milliers d'années.

Entre temps, il nous faut vivre, nous nourrir, nous loger, avoir à accès à l'eau... Tout cela pour une population mondiale croissante. Il nous faut nous adapter aujourd'hui.

Bien.

Sur ce, quittons ces préoccupations contemporaines pour nous immerger dans un passé à la fois proche et lointain. Un passé dont nul être humain ne saurait se rappeler.

Il était une fois, dans notre pays, il y a 70 000 ans...

Ecoutez... C'est le murmure du vent dans les plaines. Nous sommes en France, en Normandie.

Le vent souffle mais aucun arbre ne se place en travers de son chemin pour le faire siffler.

Le paysage n'est qu'herbes et arbustes rabougris (e.g. Bailey & Flemming, 2008 et références incluses). Ils semblent se replier sur eux-mêmes comme pour se protéger de la froidure du vent du nord. Pourtant même si l'hiver approche, il n'a pas encore étendue ses doigts glacés sur la région. L'été défend ses droits et la température de l'air, bien que fraîche, est positive.

Entendez-vous encore ? Ce son, cette fois, c'est un animal. Ils sont plusieurs. Les voici ! Ils  font partie de la mégafaune du Pléistocène : des Megalocéros giganteus ! Ce sont des cerfs immenses. Ils peuvent faire deux mètres au garrot et leurs bois peuvent atteindre trois mètres cinquante d'une extrémité à l'autre (e.g. Sørensen & Liljegren, 2004 ; Croitor et al., 2013 ; Lister & Stuart, 2019). Leurs femelles, beaucoup plus petites et graciles, paissent tranquillement dans les hautes herbes de la toundra normande.

Ils se tiennent au bord d'une falaise. À son pied, nulle mer pour étendre ses eaux d'un bleu profond et apporter un peu d'humidité et de douceur à l'air. Le niveau marin est quatre-vingt mètres en-dessous du niveau actuel (Lambeck et al., 1998 ; Lambeck, 2000 ; Lambeck & Purcell, 2001). La Manche n'est qu'un mince bras de mer entre l'Angleterre et la France (e.g. Auffret et al., 2000 ; Zaragosi et al., 2001 ; Bourillet et al., 2003 ; Toucanne et al., 2009, 2010). Des herbes fines et grasses poussent sur le plateau continental.

Et là-bas, voyez-vous la fumée qui monte paresseusement vers le ciel ? C'est un camp d'Homo sapiens, nos ancêtres. Ils chassent, suivent un troupeau de chevaux sauvages, ce sont des chevaux de Mosbach (Langlois, 2005). Ils viennent d'Allemagne. Peut-être ont-ils migré depuis les plaines continentales arides et hostiles pour se rapprocher de la mer et de sa douceur avant que l'hiver ne les emprisonne dans son linceul de neige et de glace.

Prenons un peu de hauteur et regardons le monde depuis le ciel.

La France ne se ressemble plus tout à fait. Sa côte ouest est étendue. Le Mont-Saint-Michel est une colline, tout comme les île anglo-normandes Jersey et Guernesey (dont nous avons hérité le nom de pieuvre, vous vous souvenez ?).

Longeons ensemble la côte. Voyez ! Nous sommes au niveau de ce qui sera, dans un lointain futur, le port du Havre. Et là, devant nous, regardez ! La Manche est une plaine herbeuse, riche, au coeur de laquelle s'écoule un immense fleuve d'eau douce : le paléofleuve Manche (e.g. Auffret et al., 2000 ; Zaragosi et al., 2001 ; Bourillet et al., 2003 ; Toucanne et al., 2009, 2010) ! Il regroupe dans son cours les plus importants fleuves d'Europe que nous connaissons aujourd'hui : La Seine, leRhin, l'Elbe, la Vistule... (Vadsaria et al., 2022).

Et voyez, au loin ! Cette masse brillante, blanche aux reflets d'un bleu pur, parfait... N'est-ce pas un mur de glace ? Mais si ! Il s'agit de la calotte glaciaire européenne ! De si loin, ce mur gelé donne l'impression d'une montagne. Et après tout, est-ce que ce n'est pas un peu le cas ?

Dépassant largement le millier de mètres d'épaisseur (e.g. Patton et al., 2016, 2017 ; Vadsaria et al., 2022), cette calotte glaciaire porte un nom : La calotte Fennoscandie. Pourquoi ce nom ? Parce qu'elle recouvre principalement la Finlande et la Scandinavie !

Chaque printemps et chaque été, une partie de la neige et de la glace de la calotte nourrit le paléofleuve Manche, lui apportant poussières, nutriments, minéraux... contribuant à la fertilité du lit de ce paléofleuve titanesque.

Mais déjà, tout comme l'eau de fonte ruissellant le long des parois gelées de la calotte, notre temps s'écoule.

Alors revenons au 21e siècle et à l'été 2022 qui commence tout juste.

Dans quelques jours, nous replongerons dans notre passé.

Merci d'avoir regardé cette vidéo jusqu'au bout.

Si elle vous a plu, n'hésitez pas à la liker, à la partager, à mettre un commentaire ou encore à venir faire un tour sur le site www.terres-du-passe.com ! Vous y trouverez toutes les références bibliographiques et le script de cet épisode.

Pour celles et ceux qui sont encore là et qui souhaiteraient soutenir la chaîne et ce travail de recherche, de synthèse et d'illustration, j'ai créé un compte tipeee sur lequel vous pouvez faire un don, que ce soit une seule fois ou de façon récurrente de quelques euros.

Merci à mon premier tipeur pour son soutien !

Passez une belle journée et à très vite sur Terres-du-passe.com !

Références bibliographiques

Aaris-Sørensen, Kim, et Ronnie Liljegren. « Late Pleistocene Remains of Giant Deer (Megaloceros Giganteus Blumenbach) in Scandinavia: Chronology and Environment ». Boreas 33, no 1 (2004): 61?73. https://doi.org/10.1111/j.1502-3885.2004.tb00996.x.

Auffret, Gérard, Sébastien Zaragosi, Michel Voisset, Laurence Droz, Beno??t Loubrieu, Pascal Pelleau, Bruno Savoye, et al. « Premières observations sur la morphologie et les processus sédimentaires récents de l’Éventail celtique ». Oceanologica Acta 23, no 1 (janvier 2000): 109?16. https://doi.org/10.1016/S0399-1784(00)00116-X.

Bailey, G, et N Flemming. « Archaeology of the Continental Shelf: Marine Resources, Submerged Landscapes and Underwater Archaeology ». Quaternary Science Reviews 27, no 23?24 (novembre 2008): 2153?65. https://doi.org/10.1016/j.quascirev.2008.08.012.

Bourillet, Jean-François, Jean-Yves Reynaud, Agnès Baltzer, et Sébastien Zaragosi. « The?'Fleuve Manche': The Submarine Sedimentary Features from the Outer Shelf to the Deep-Sea Fans ». Journal of Quaternary Science 18, no 3?4 (mars 2003): 261?82. https://doi.org/10.1002/jqs.757.

Croitor, Roman, Krzysztof Stefaniak, Kamilla Paw?owska, Bogdan Ridush, Piotr Wojtal, et Ma?gorzata Stach. « Giant Deer Megaloceros Giganteus Blumenbach, 1799 (Cervidae, Mammalia) from Palaeolithic of Eastern Europe ». Quaternary International, European Middle Palaeolithic (MIS 8 – MIS 3): cultures, environment, chronology, 326?327 (1 avril 2014): 91?104. https://doi.org/10.1016/j.quaint.2013.10.068.

Lambeck, K. « Global Ice Volumes at the Last Glacial Maximum and Early Lateglacial ». Earth and Planetary Science Letters 181, no 4 (30 septembre 2000): 513?27. https://doi.org/10.1016/S0012-821X(00)00223-5.

Lambeck, Kurt, et Anthony P. Purcell. « Sea-Level Change in the Irish Sea since the Last Glacial Maximum: Constraints from Isostatic Modelling ». Journal of Quaternary Science 16, no 5 (juillet 2001): 497?506. https://doi.org/10.1002/jqs.638.

Lambeck, Kurt, Catherine Smither, et Paul Johnston. « Sea-Level Change, Glacial Rebound and Mantle Viscosity Fornorthern Europe ». Geophysical Journal International 134, no 1 (juillet 1998): 102?44. https://doi.org/10.1046/j.1365-246x.1998.00541.x.

Langlois, Anne. « Le Cheval du gisement Pléistocène moyen de La Micoque (Les Eyzies-de-Tayac, Dordogne)?: Equus mosbachensis micoquii nov. ssp. » PALEO. Revue d’archéologie préhistorique, no 17 (1 décembre 2005): 73?110. https://doi.org/10.4000/paleo.859.

Lister, Adrian M., et Anthony J. Stuart. « The Extinction of the Giant Deer Megaloceros Giganteus (Blumenbach): New Radiocarbon Evidence ». Quaternary International, SI: Quaternary International 500, 500 (1 janvier 2019): 185?203. https://doi.org/10.1016/j.quaint.2019.03.025.

Patton, Henry, Alun Hubbard, Karin Andreassen, Amandine Auriac, Pippa L. Whitehouse, Arjen P. Stroeven, Calvin Shackleton, Monica Winsborrow, Jakob Heyman, et Adrian M. Hall. « Deglaciation of the Eurasian Ice Sheet Complex ». Quaternary Science Reviews 169 (août 2017): 148?72. https://doi.org/10.1016/j.quascirev.2017.05.019.

Patton, Henry, Alun Hubbard, Karin Andreassen, Monica Winsborrow, et Arjen P. Stroeven. « The Build-up, Configuration, and Dynamical Sensitivity of the Eurasian Ice-Sheet Complex to Late Weichselian Climatic and Oceanic Forcing ». Quaternary Science Reviews 153 (décembre 2016): 97?121. https://doi.org/10.1016/j.quascirev.2016.10.009.

Toucanne, S., S. Zaragosi, J.F. Bourillet, P.L. Gibbard, F. Eynaud, J. Giraudeau, J.L. Turon, et al. « A 1.2Ma Record of Glaciation and Fluvial Discharge from the West European Atlantic Margin ». Quaternary Science Reviews 28, no 25?26 (décembre 2009): 2974?81. https://doi.org/10.1016/j.quascirev.2009.08.003.

Toucanne, Samuel, Sébastien Zaragosi, Jean-François Bourillet, Vincent Marieu, Michel Cremer, Masa Kageyama, Brigitte Van Vliet-Lanoë, Frédérique Eynaud, Jean-Louis Turon, et Philip L. Gibbard. « The First Estimation of Fleuve Manche Palaeoriver Discharge during the Last Deglaciation: Evidence for Fennoscandian Ice Sheet Meltwater Flow in the English Channel ca 20–18ka Ago ». Earth and Planetary Science Letters 290, no 3?4 (février 2010): 459?73. https://doi.org/10.1016/j.epsl.2009.12.050.

Vadsaria, Tristan, Sébastien Zaragosi, Gilles Ramstein, Jean-Claude Dutay, Laurent Li, Giuseppe Siani, Marie Revel, Takashi Obase, et Ayako Abe-Ouchi. « Freshwater Influx to the Eastern Mediterranean Sea from the Melting of the Fennoscandian Ice Sheet during the Last Deglaciation ». Scientific Reports 12, no 1 (décembre 2022): 8466. https://doi.org/10.1038/s41598-022-12055-1.

Zaragosi, S., F. Eynaud, C. Pujol, G.A. Auffret, J.-L. Turon, et T. Garlan. « Initiation of the European Deglaciation as Recorded in the Northwestern Bay of Biscay Slope Environments (Meriadzek Terrace and Trevelyan Escarpment): A Multi-Proxy Approach ». Earth and Planetary Science Letters 188, no 3?4 (juin 2001): 493?507. https://doi.org/10.1016/S0012-821X(01)00332-6.

 

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