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Visite du navire de recherche océanographique Joides Resolution

Niveau de difficulté : 4

00:00 - 03:10
Introduction par Terres du Passé

Bonjour à toutes et à tous et Bienvenue pour cette nouvelle vidéo de Terres du Passé !

En décembre 2023, j'ai eu le plaisir de vous partager sur la chaîne l'intégralité d'une conférence grand public portant sur le Grand assèchement de la Méditerranée : l'épisode Messinien, la crise de salinité Messinienne, qui s'est déroulée il y a un peu plus de 5 millions d'années.

Cette conférence, présentée par cinq intervenants de l'Université de Bordeaux, avait certes pour objectif de vous présenter cette crise et de vous expliquer un peu ce qui s'était passé en Méditerranée à ce moment-là, mais surtout, elle avait pour objectif d'introduire une mission de recherche océanographique qui s'est déroulée entre le 10 décembre 2023 et le 10 février 2024, qui a donc pris fin ce mois-ci : l'expédition IODP 401, qui s'est déroulée sur le Joides Resolution, un navire de recherche océanographique qui bat pavillon chypriote si je ne m'abuse.

Pour avoir plus de détails sur la crise Messinienne, donc une crise de salinité majeure qui s'est produite en Méditerranée, je vous renvoie vers la conférence qui se trouve en intégralité sur la chaîne, le lien se trouve dans la description. Notamment la première et la dixième vidéo de cette conférence sont toutes deux présentées par Emmanuelle Ducassou, co-cheffe de cette expédition, et qui nous explique un peu plus en détails les objectifs de la mission IODP 401.

Cette mission de recherche océanographique, qui vient donc tout juste de prendre fin, s'est déroulée au niveau du détroit de Gibraltar, donc aussi bien du côté Atlantique que du côté méditerranéen. Et même si cette expédition a déjà pris fin au moment où vous regardez ces images, j'ai eu l'opportunité, le 1er février dernier, de filmer le tour du Joides.

Car oui, l'université de Bordeaux et l'Ensegid avaient organisé une visio avec Emmanuelle Ducassou et Natacha Fabregas, ancienne étudiante de l'universté de Bordeaux et actuellement en thèse à l'Université de Bergen, en Norvège, pour découvrir un peu le Joides, le forage et la façon de récupérer les carottes sédimentaires, ainsi que les traitements qui y sont faits derrière.
Parce qu'il y en a un sacré paquet qui sont réalisés déjà en mer !

Un navire de recherche océanographique, on peut considérer que c'est un véritable laboratoire flottant !

Cette visite nous immerge donc dans le monde des océanographes et des chercheurs. Mais attention, pas des océanographes biologistes qui, eux, vont s'intéresser à la faune et la flore qui vivent dans l'océan, dans la colonne d'eau, mais bien nous plonger dans le monde des océanographes géologues, qui s'intéressent à ce qui se passe en-dessous du fond marinn pour retrouver l'histoire de la Terre, l'histoire passée.

Donc vous allez découvrir ici la visite du Joides Resolution.
Certains termes au cours de cette visite peuvent se révéler un peu compliqués parce que cette visite était à destination d'étudiants déjà spécialisés en océanographie et en Sciences de la Mer. Mais ne vous en faites pas, je prévois plein de petits épisodes qui permettront d'expliquer les différents termes un peu compliqués et qui reprendront de façon illustrée et imagée le traitement d'une carotte sédimentaire qui remonte à la surface et qui arrive sur le pont du Joides.

Alors, chers amis, rejoignons sans plus attendre Emmanuelle Ducassou et Natacha Fabregas sur un navire de recherche océanographique et partons à la découverte d'un métier extraordinaire : celui d'un océanographes spécialisés dans la récupération, l'analyse et le traitement de carottes sédimentaires !

Chers amis, bon visionnage !

Transcription de la visite du Joides Resolution

03:10 - 07:34
Partie 1 : Présentation rapide des objectifs de l'expédition IODP 401

Raphaël B. : On est connecté avec le bateau de forage Joides Resolution, avec deux collègues qu’on connaît plutôt bien parce qu'il y a Emmanuelle Ducassou, qui est enseignante-chercheuse à l’UMR EPOC et à l'université de Bordeaux. Et puis Natacha Fabregas qui est doctorante à l'université de Bergen en Norvège et puis qui est une ancienne de chez nous.

Donc elles vont vous raconter un peu ce qu'elles font sur ce bateau. Merci beaucoup en tous cas.

Natacha F. [N.F.] : Ben on peut y aller !

Emmanuelle D. [E.D.] : Donc O.K.
Donc juste avant, je vais vous expliquer pourquoi on est là. Donc on est l’expédition 401. Donc dans cette expédition, on s'intéresse aux connexions qui ont lieu entre la Méditerranée et l'Atlantique à une certaine période de temps. Une période, on va dire de crise environnementale importante.
Donc je vais vous expliquer brièvement pourquoi on est là et que vous compreniez ce qu’on fait avec les carottes qui sont forées ici.
Donc j’ai une petite carte.

Sur cette carte, vous avez une image de cette connexion entre la Méditerranée et l'Atlantique il y a un peu plus de 8 millions d'années. Alors le détroit de Gibraltar, on ne sait pas s'il existait ou pas à ce moment-là. Ce qui est sûr, c'est que les connexions se faisaient par des passages peu profonds ici au sud et au nord, et donc par deux corridors qui sont "fossiles" actuellement.

Donc dans cette expédition, on a foré quatre sites. Donc le premier se situe à un endroit où on a, en fait, un courant qui sort de la Méditerranée et on a choisi ce site là parce que la partie supérieure Quaternaire-Pliocène est relativement érodée. Donc on pouvait atteindre la période qui nous intéresse entre 8 millions d'années et 4,5 millions d'années. C’est ce qu’on voulait cibler.

Donc ici, on est sous trajet des eaux qui sortent, donc on voulait voir à quel moment justement on enregistre ce passage-là.
On a foré à un autre puits ici, dans le golfe de Cadix, qui est là plus proximal, donc là on était sûr d'enregistrer ça. Il y a aussi beaucoup d'événements tectoniques qui sont enregistrés dedans. On a des systèmes turbiditiques dedans, donc un puits très profond.
On est à plus de 1400 mètres sous fond marin. 

On a fait un troisième site qui était alternatif au départ, mais on a eu une fenêtre météo pour le faire, mais qui n'est pas sur ma carte. Un tout petit peu plus profond ici, qui est un site qui n’est pas actuellement sous l'influence de ce courant qui sort mais qui, par contre, enregistre très bien les cycles climatiques et enregistre les autres masses d'eau.
Donc on sait comment a pu se faire la réorganisation des masses d'eau quand on a fermé cette vanne entre l'Atlantique et la Méditerranée et moment où on l’a réouvert.

Et puis actuellement on se trouve en Méditerranée. Donc on a passé le détroit de Gibraltar il y a... le 17 janvier. Donc là, c'est le puits le plus profond, on visait 1700 mètres. Donc c'est dans le top cinq des puits les plus profonds IODP. Donc là, on y est depuis un petit paquet de temps. On a encore quelques jours. Il faut qu'on s'arrête de forer dimanche puisqu’après on entame le transit. L’expédition est en train de se terminer.

Donc le puits qui est ici, il est très, très particulier parce qu’il se situe de l’autre côté, côté Méditerranée. À ce moment-là, la mer d’Alboran, qui se situe ici, n'était pas vraiment une mer en fait. C'était plutôt...  Elle appartient, en fait, à cette zone de détroit, donc on s'attend à ce qu'elle enregistre ça, donc elle enregistrerait, effectivement, des choses assez particulières.

Donc voilà, on est encore en train d'acquérir. On est en train de faire un deuxième puits parallèle. Et ce que vous allez voir en ce moment, les carottes qui arrivent et qu’ils sont en train de décrire, c'est le deuxième puits qui se situe ici. Donc voilà.

Le but de cette expédition, c'est d'avoir des séquences de cette période particulière qu’est le Messinien, donc entre 5,33 et 6 millions d'années globalement.

Pourquoi ? Parce que c'est une période de crise où on a une fermeture, un assèchement de la Méditerranée, des dépôts de sels. Il y a beaucoup d’affleurements qui existent et des carottages. Mais on a du sel qui empêche souvent d'avoir une bonne stratigraphie et compréhension. Là, on s'est dirigé vers des sites où, justement, il n'y a pas cette problématique là et surtout des sites qui vont donner l'impact potentiel de cette crise sur le climat global, notamment sur la répartition des masses d'eau dans l'Atlantique Nord. Et puis tout un tas de changements climatiques autour.

On a des gens spécialistes ici de pas mal de choses, qui travaillent à bord, notamment de pollens, de biomarqueurs, etc. de chimie des eaux, de diagénèse, etc. Voilà pour les grands objectifs.

Donc on pourra y revenir parce que je suis sûre qu’on oublie plein de choses.

On va commencer alors à vous montrer à quoi ressemble le navire. En sachant que ce qu'on va regarder là, ce n’est même pas 5 % du bateau. Une grande partie est réservée au forage, au stockage des pipes [Pipe = tubes/carottes] et puis à tout ce qui est machinerie, parce qu’on est autonomes en électricité, en eau, etc.

[N.F.] Et puis le reste sert à dormir, à manger...

[E.D.] On va voir juste une petite partie.

 

07:34 - 08:51
Partie 2 : Tribord et les canots de sauvetage

[N.F.] Donc là, du coup, de ce côté-là, on est à tribord. Comme vous pouvez le voir ici, on a deux canots de sauvetage. C'est très compliqué en français parce qu'on voit tout en anglais. Donc il y en a deux qui peuvent contenir 70 personnes chacun. Il y en a deux de l'autre côté aussi. Et tous les dimanches, on a exercice où il faut amener notre combinaison de survie, notre casque et nos lunettes au cas où il y ait une évacuation qui soit nécessaire.

Il y a un peu de vent aujourd’hui, il n'y a pas trop de soleil. Je ne sais pas si vous pouvez voir, il y a quelques bateaux au fond. Vous pouvez avoir un premier aperçu du derrick, mais on va le voir mieux de l’autre côté. On va y revenir. On va aller à la passerelle en premier, pour aller voir le Capitaine probablement.

08:51 - 11:04
Partie 3 : Visite de la passerelle

Bon ben il n’y a personne. En fait, là, quand on est en train de forer, le bateau n'est pas dirigé du tout au niveau de la passerelle. Le bateau est dirigé dans une pièce qui est derrière, qui permet de faire du positionnement dynamique. C'est comme ça que ça s'appelle je crois.

[E.D.] Oui, c'est ça, il y a 12 moteurs dynamiques qui permettent de rester en statique, puisque, quand on reste quinze jours au même endroit, sur le même point, il ne faut pas qu'on bouge dans un trou qui fait moins de 50 cm de diamètre.

Donc on a des moteurs qui descendent en-dessous du bateau qui permettent cette stabilisation. Donc il y a une pièce entière qui est dédiée à ça. et le bateau tourne de temps en temps. C'est un peu bizarre quand on se lève le matin. Où est le soleil ?

 Parce qu'on se met en fonction du vent, de la marée, des cagues, etc.

[N.F.] Donc du coup, s'il n'y a personne qui est aux commandes, c'est normal.
Donc là, comme vous pouvez le voir, il y a tous les instruments pour la navigation.

[E.D.] Donc Frankie [Villafranca] qui est notre second capitaine à bord.

[Frankie Villafranca] Hi !

[E.D.] Bon après, c'est un positionnement classique pour les gens qui ont l'habitude d'embarquer, donc avec un système de radar pour se positionner. Donc on a tout un système extérieur aussi pour montrer qu'on est en statique et qu'on est en opération. Parce qu'évidemment, on ne peut pas dégager la voie rapidement s'il y a quoi que ce soit. Il nous faut plusieurs heureus pour remonter les pipes.

Après, ce sont les outils classiques. Ici, c'est vraiment pour la navigation, donc quand on est en transit et finalement, on n'a pas fait beaucoup de transit, à part au début et à la fin. On a connu des transits de deux jours maximum entre chaque site, donc on n'a pas beaucoup navigué en quelques sortes.

Après, ce sont les outils classiques qu'on a sur tous les bateaux.

[N.F.] Peut-être pas des grands comme ça en général [rires].

[E.D.] On a ça. C'est d'ici aussi qu'on fait les observations quand on fait du logging et les diagraphies. Les outils acoustiques, voilà, on ne peut pas s'en servir, surtout dans les eaux espagnoles, s'il y a des mammifères autour. Donc c'est d'ici qu'on fait l'oservation donc ça ne se fait que de jour, on a les jumelles pour regarder à 360°. Et s'il y a le moindre dauphin qui pointe, on arrête tout.

[N.F.] Et puis, il y a eu pas mal de dauphins ces-derniers jours.

[E.D.] La Méditerranée est très riche. Des baleines aussi.

11:04 - 15:28
Partie 4 : Le pont de forage et le derrick

Donc on voit la côte espagnole, on est en face de Malaga et de Marbella. On est à peu près à 12 km de la côte, donc voilà. Les bières nous tendent les bras, mais on ne peut pas y aller. Des fois on a la Sierra Nevada, bon là, elle est couverte, avec les sommets enneigés, c'est assez sympa. Et le soir, le soleil se couche dans l'axe de Gibraltar. Donc on voit le rocher, et on voit la côte marocaine. Le site super en tous cas.

[N.F.] Du coup, Manue a les quarts de jour donc elle voit les couchés de soleil et moi j’ai les quarts de nuit donc je vois les levers de soleil sur le bateau.

[E.D.] Voilà la bête. Donc on est sur un bateau qui fait 143 mètres de long,  le derrick, il en fait 62 à peu près. Il est là pour aligner tous les pipes. Donc là, par exemple, sur le site qu'on a, on a commencé, on est à 800 mètres de profondeur à peu près. On n’a pas récupéré le sommet, parce que ça ne nous intéressait pas entre guillemets. C'était déjà foré par des puits ODP des années 1980-1990. On a foré jusqu’à 750 mètres, donc on a 750 mètres de pipes, plus les 800 mètres qui sont dans l'eau, qu’on a dessus. D’ici, on a la meilleure vue. Un truc qu'on voit bien aussi d’ici, c’est cette espèce d'appareillage jaune, là, qu’il y a en l'air. Alors là qui ne bougent quasiment pas, parce que on n'a pas besoin, il n'y a pas beaucoup de houle. C'est un compensateur de pilonnement, donc qui est hyper important quand on fore, parce qu'il faut maintenir la même pression au fond quand on veut forer, quelle que soit la hauteur des vagues... enfin, quelle que soit la hauteur des vagues... à 4 mètres, on commence à avoir une récupération qui n'est pas bonne donc on arrête. Mais globalement, il faut maintenir cette pression-là. Donc en fait, ce compensateur-là, il est là pour maintenir cette pression-là. Donc quand on a un peu de houle, on le voit naviguer de haut en bas et essayer d’assurer. Là, on est en train de forer. Vous voyez ? Il y a une carotte qui est en train d’arriver, voilà. On va aller voir ça. On a eu la chance parce que là, on est en train de récupérer une carotte, donc là ils viennent remonter. Donc là vous êtes sous le rig flow, le pont sur lequel arrivent les carottes. Tout l'arrière, c’est le stockage des pipes, qui sont derrière, et le stockage aussi des outils diagraphiques. Donc c’est par là qu’on les descend. Alors vous allez voir ce qui se passe. Vous allez voir le tube sortir, qui va être rallongé et juste en-dessous, on a le pont où on récupère la carotte. Donc voilà la carotte qui est en train de monter. Donc une carotte, c'est 9,7 mètres exactement avec un liner en plastique à l'intérieur. Et donc on fore globalement 10 mètres par 10 mètres. Là, vous l'avez qui est en train de sortir devant. Donc là vous comprenez pourquoi on ne fore pas quand il y a des grosses vagues, hormis le fait que la récupération est compliquée. Comment dire ? Les appareillages qui sont bougés, les objets qui sont bougés sur le pont sont extrêmement lourds. C'est hyper dangereux, en fait, pour les personnes qui travaillent sur ce pont. C’est hyper bruyant donc je ne sais pas si on s'entend. On va descendre. Là on voit le pont vraiment où arrive la carotte. Il va falloir qu’on dégage juste car il va y avoir de l’activité tout de suite. On là dessous, ce qu’on appelle le cat walk. C’est l’endroit où va arriver la carotte. Donc il faut plusieurs techniciens pour la porter : elle fait 10 mètres. Avant qu'elle soit découpée.

15:28 - 16:42
Partie 5 : Le catwalk et les têtes de forage

 Donc les liners sont au-dessus de nous, les liners en plastique qu’on a dessus. La carotte est allongée sur ces supports. Donc elle vient d'arriver, donc tout le monde va arriver. On découpe avec ce type d’outillage. Tous les mètres cinquante, des sections d’1 mètre 50. Elles sont immédiatement référencées.

Elles sont immédiatement référencées. On sent qu’il va y avoir un peu d’activité là, tout de suite. Juste, il y a les têtes de forage qui sont là. Rapidement, ça c’est fait pour faire du forage quand on ne récupère pas, donc du brush down, voilà, quand on fore pour atteindre une certaine profondeur.  Et ces deux là sont faits donc pour la récupération, c'est du forage carotté. Donc ça c'est l’APC, c'est celui où on récupère quand le sédiment est encore assez meuble. Donc ici il y a une partie qu'on ne voit pas, un peu tranchante. Et celle-ci, c'est le système en rotation, quand la roche, enfin les sédiments commencent à être plus indurés qu’on récupère. Donc quand on doit changer de tête de forage, ça prend un peu de temps, plusieurs heures pour remonter la totalité du pipe, et puis faire ce changement-là. C’est des décisions qu'on a à prendre très souvent, entre la récupération, le temps qu'on perd, ne pas détériorer le puits, parce qu'on veut faire en général des diagraphies derrière Tu vas expliquer parce que je voudrais juste regarder parce qu’elle arrive.

16:42 - 20:16
Partie 6 : L'arrivée des sections de carottes et les analyses non-destructives sur tronçons entiers (avant qu'ils ne soient coupés en deux dans la longueur pour donner deux demi-sections)

 [N.F.] Du coup, vu que Manue est co-chef, il va falloir qu’elle s’occupe de ça. On va pouvoir rentrer à l’intérieur. Donc, les carottes, une fois qu'elles sont passées sur le catwalk et qu'elles ont été coupées en sections de 1,50 m, elles sont directement... donc c’est très important d’avoir tout qui soit numéroté, qui soit référencé et pour qu’on soit sûr qu’on ait tout de manière vraiment certaine. Donc la première chose qui se passe, c’est que toutes les sections, elles sont mises dans cette machine. Un graveur laser où ils vont marquer sur le liner, ils vont marquer la partie Archive, la partie Travail et ils vont mettre des étiquettes avec des QR code pour pouvoir les utiliser par la suite. Donc ça, c'est la première étape. Ensuite, les carottes, elles vont... en général, elles vont attendre un petit peu, mais elles vont être mesurées par les propriétés physiques. Donc là on a Jonathan qui est là. Donc il nous a gardé une carotte pour que vous puissiez voir. Donc malheureusement, il n'y a pas eu beaucoup de récupération sur ce forage. Depuis qu’on a commencé le Hole B, il n'y a pas beaucoup de récupération. Donc là voilà, normalement, on est censé récupérer 9,7 mètres...

[E.D.] En ce moment, on est sur des demi-carottes, donc 4,8.

[N.F.] Donc 4,8 mètres. Mais c'est pas 4,8 mètres, on n'arrive pas à récupérer beaucoup malheureusement. Et donc... Donc là, dans le laboratoire des propriétés physiques, ce qu’ils font c’est qu'ils font passer la carotte sur ces trois machines différentes. Le premier, c'est gamma density. Ensuite, on a la susceptibilité magnétique donc qui fait une boucle autour qui mesure la susceptibilité magnétique pour une portion de carotte, et ensuite la vitesse des ondes P. et donc du coup les carottes passent sur toutes ces machines au fur et à mesure.Une fois qu’elles sont passées ici, elles vont de l’autre côté. Et on mesure... et on mesure le natural gamma ray. Et en général pour la mesure du gamma ray, il faut attendre que les carottes aient... réchauffent un peu donc qu’elles soient arrivées à température ambiante. Pour avoir des mesures correctes. Donc en général, les carottes vont rester sur ce rack, ici, que vous pouvez voir. Elles vont rester ici en général 3-4-5 heures. Ou alors jusqu’à ce que les sédimentologues aient fini de décrire celle d’avant pour qu’on puisse attaquer la suivante. Donc là, pour le moment, vu que la récupération est assez faible, on n'a pas de backup de carotte. Donc dès que les carottes sortent on peut les décrire quasiment directement dès qu’elles ont été scannées par les propriétés physiques. Au niveau des propriétés physiques, donc on les scanne sur des carottes entières, donc avant qu'elles soient coupées en deux et qu’on sépare la partie Archive et la partie Travail. Donc ça c’est la première étape.

[E.D.] C’est juste que, voilà, sur le catwalk c’est un peu l’agitation quand il y a une carotte. Donc elle est en train d'être découpée là.

[N.F.] Donc là c'est comme ça qu'ils les découpent, ils les découpent par un mètre et demi à chaque fois.

20:23 - 26:47
Partie 7 : L'ouverture des carottes et les analyses sédimentologiques (non-destructives et destructives)

 [E.D.] Ça c'est bruyant parce que c’est notre système de découpe du liner. On a pour une carotte, et puis à ces profondeurs-là, là on est déjà à plus de 800 mètres sous le fond marin. Donc on découpe à la scie et ensuite donc on a un petit bain, on les nettoie parce qu’il y a du plastique etc. C'est la salle de découpe et on a plusieurs scies parce que, dès qu'on veut faire de l’échantillonnage, puis qu’il y a quelques mesures qui se font sous échantillonnages, on a toutes les scies ici, donc c’est la salle un peu fermée pour récupérer ça.

[N.F.] Et quand les carottes sont encore assez peu profondes, ils utilisent une sorte de fil à couper le beurre pour couper ça. Ils ont des lames de rasoir sur les côtés pour couper le core-liner et ils ont cet espèce de fil au milieu qui permet de couper le sédiment.

[E.D.] Ouverture de carotte classique. C’est-à-dire que là, la plupart sont très dures, donc c’est plus dur de les couper à la scie. Une fois que c’est coupé, on rentre vraiment dans le labo des carottes.

[N.F.] Allons-y.

Donc, quand les carottes sont coupées en deux, elles sont séparées sur la partie Travail qui est posée sur cette table ici. Et ça, c'est la partie sur laquelle on va pouvoir récupérer les échantillons. Donc les échantillons pour tout ce qui analyses destructives. Tout ce qui est paléomagnétisme, échantillons discrets,... foram...

[E.D.] Il faut tout labelliser, même le moindre frottis est rentré dans une base de données, étiqueté, etc. ça prend un certain temps.

[N.F.] Et chacun peut prendre les échantillons qui sont nécessaires maintenant, mais pour récupérer les échantillons pour le travail supplémentaire, ce sera fait à Brême au mois de juillet 2024. Et donc ça, c'est la partie donc, ou où on fait les échantillons plus vaste. Mais on a la table de description ici avec la grande loupe pour bien voir.

[E.D.] La grande loupe, c’est celle-là. Et donc là, on a ressorti deux carottes qu'on a décrites ce matin. Donc celles-là elles sont toutes fraiches.

[E.D.] C’est du Pliocène.

[N.F.] C’est du Pliocène et on a donc en foncé des calcareous silty muds [boues calcaires silteuses] et en plus clair, c’est des calcareous muds [boues calcaires]. Donc on fait toujours traditionnellement toutes les descriptions sur papier. Mais étant donné qu'on doit avoir tout de manière digitale et qu’il faut pouvoir coordonner toutes les analyses avec les différents laboratoires, et puis pour la suite de l'expédition pour tout ce qui est post-cruise [après mission], on va tout rentrer dans une base de données assez conséquente. Donc vous pouvez voir un exemple ici. La par exemple ce sont des carottes qui ont été décrites ce matin, avec les images des carottes, les images aux rayons X et puis plusieurs données qu'on a entré nous-mêmes, qu’on a acquises sur certains équipements. Donc, la première chose qu'on fait, même avant de décrire les carottes, c'est de les prendre en photo et ça nous aide pour les descriptions. Donc on va aller en premier voir toutes les machines qu’on utilise pour faire les photos/imageries. Donc on a celle-ci en premier. Elle s'appelle Shield, ça prend des photos des cores, des carottes. Une fois qu’elles sont coupées en deux, on peut prendre une photo de la surface. Et on a cette caméra très haute résolution qui avance le long de la carotte et qui scanne tout. Et en plus de prendre une photo des carottes, ça mesure les couleurs RGB [Red, Green, Blue], rouge, vert, bleu. Et ça permet aussi de faire des analyses supplémentaires après pour analyser les couleurs. Parce que sur la table on utilise la Munsell Color Chart [charte de couleurs de Munsell]. Mais c'est bien d'avoir cet outil.

[E.D.] On a un deuxième outil. On a deux outils pour la couleur.

[N.F.] Donc ça c’est le premier outil. Deuxième outil qui permet de mesurer les couleurs, c’est le SHMISL, qui mesure à la fois la susceptibilité magnétique [et la couleur]. Donc l’outil précédemment qu’on a vu, ça permettait de prendre la susceptibilité magnétique sur un rond de 2 cm de résolution. Mais cet outil mesure vraiment point par point. Donc tous les 2 cm, ça va prendre une mesure [directement sur le sédiment]. Ce qui fait que parfois,...

[E.D.] C’est le même outil qu'on a chez nous, à la plateforme [au Labo EPOC].

[N.F.] D’accord, c’est le même outil que vous avez chez vous. Mais on s'est rendu compte par exemple, qu'il y a des moments où, ce qui est mesuré sur la carotte entière n'est pas forcément vu ici. Donc on a fait plusieurs tests pour voir ce qu’il se passait à ce niveau-là. Et cette machine mesure aussi la réflectance.

[E.D.] La spectrophotocolorimétrie. La réflectance, c'est pareil. Les index a* et b*.

[N.F.] Et en plus... donc là il sont en train de discuter, mais il y a un microscope sous lequel on fait des frottis. Donc on a principalement des carottes qui sont très fines [composées de sédiment fin], c'est entre argile et sable fin, des fois, mais principalement très très fin. Donc il faut vraiment qu'on fasse des frottis parce que sinon on ne peut vraiment pas analyser

[E.D.] Entre les muds, les oozes...

[N.F.] La proportion de carbonates à l'intérieur aussi est assez compliquée à déterminer. Et au niveau de la sédimento, on a une dernière machine qui est le rayon X, là-bas. Donc on a la machine qui est le Rayon X ici, et qui permet de prendre des photos... de scanner les carottes. Donc de prendre l’intégralité et on récupère une sorte de radio des carottes, et on voit très, très bien les traces fossiles. Donc on a un spécialiste des traces fossiles qui est très très content de pouvoir regarder toute la bioturbation avec les photos qu’on a prises à ce niveau-là. Et donc on a chaque ordinateur qui est relié aux machines. Et... on a ça. Une scannette de supermarché. Chaque carotte a un QR Code qu’on scanne et ça permet de savoir quelle carotte est laquelle quand on fait n'importe quel type de mesure.

[E.D.] Il n'y a pas une donnée qui est produite, imagée et faite sans que ce soit scanné et rentré dans la base de données.

[N.F.] Tout est enregistré.

26:47 - 28:27
Partie 8 : Le paléomagnétisme

Là, on a le labo de paléomagnétisme où ils ont plusieurs machines. Ça mesure les périodes dont le champ magnétique était normal ou inverse. Donc globalement, ils mettent les carottes sur ce support, ici. Et la carotte va rentrer à l’intérieur de la machine et ça va permettre de mesurer le champ magnétique parce que c'est soumis à plusieurs champs magnétiques de différentes intensités.

[E.D.] Alors oui, pour le détecter, on a Wout Krijgsman, qui est un spécialiste là-dedans et de la crise de salinité messinienne.

[N.F.] Would you like to explain better then maybe ? [Souhaitez-vous l’expliquer un peu mieux ?]

[Wout Krijgsman] It’s for who ? [Pour qui est-ce ?]

[E.D.] It is the university of Bordeaux.

[Wout Krijgsman] Oh l’université de Bordeaux ? Je peux parler français. Alors ça sert à mesurer la carotte.

[E.D.] C’est ça.

[Wout Krijgsman] Ils vont là-dedans et on mesure la direction de l'état dans lequel elle est : l’intensité et le magnétisme des sédiments. Et on peut voir si le magnétisme est au nord, ou au sud.

[E.D.] Toutes les inversions magnétiques, voilà, sont enregistrées.

[Wout Krijgsman] Quand la direction magnétique s'inverse, tout le temps dans un cadre bien étudié, c’est-à-dire quand le magnétisme est au nord, c'est noir, et quand le magnétisme est au sud, il est blanc. Et ça fait, un pattern [une structure reconnaissable] dans le temps pour savoir l’âge du sédiment.

[N.F.] Merci beaucoup !

[Wout Krijgsman] De rien !

[E.D.] O.K. !

28:27 - 29:31
Partie 9 : Le laboratoire de biostratigraphie

Donc on reste dans les âges. Donc pour donner des âges on a aussi le labo de biostrat [biostratigraphie]. Du coup tout se passe vraiment ici. Là vous avez des foraminifères planctoniques, des nano [nannofossiles]. Donc c’est ici que se préparent à la fois des frottis pour analyser, donc, les nannofossiles, les coccolithophoridés. Barbara et Shamar. Et puis ensuite les ogives qu’on récupère. Donc en fait, ils vont analyser chaque ogive systématiquement, donc tous les 10 mètres ou tous les 4,8 mètres quand on est sur des demi-carottes. [Les ogives] sont amenées ici. Donc c’est ce qu’est en train de faire Moumita ici. Donc, plus ou moins dure, donc on va le dissoudre [dissocier/désagréger les sédiments], on a un super appareil haute technologie là où on va mettre de l'eau pour un peu le dissoudre [dissocier les argiles] et puis ensuite passer... enfin dissoudre... défaire... Et ensuite... voilà désagréger, exactement. Et puis ensuite on a un système de tamis classique comme on fait d'habitude, où on tamise 63 et 150 microns puis dans l’étuve, dessus. Et puis ensuite c'est analysé dans le laboratoire qui est juste à côté.

29:31 - 31:46
Partie 10 : Les loupes binoculaires et microscopes, et l'importance de la biostratigraphie pour la mission

Donc là on a toutes les bino [loupes binoculaires] et les microscopes. Donc les bino, donc Udara qui est en train de regarder et Francisco également en train de regarder les foraminifères planctoniques [vivant dans la colonne d’eau]. Donc, c'est essentiellement des bioevents [événements d’origine biologique] On cherche des niveaux, qui sont régionaux. Surtout que les foraminifères planctoniques sont assez, intéressants on va dire, régionalement et c'est assez puissant. Et puis on a les nano [nannofossiles] également qui sont analysés ici. Donc Moumita regarde les benthiques [foraminifères qui vivent sur le fond marin], donc plus sporadiquement parce que c’est plus long, et on regarde les conditions environnementales. Et on se sert surtout donc des données des foraminifères planctoniques et des nano qui arrivent très vite en fait. Dès qu’on est sur le cat walk, on récupère, ils se lavent [tamisage à l’eau] 2 ou 3h après, ils sont capables de dire à peu près dans quel ordre d’âge on est, ce qui est hyper important pour notre expédition, parce que nous, déjà, on s'est rendu compte que sur les profils sismiques, on n’était jamais bons, les vitesses n'étaient pas bonnes. Elles étaient souvent plus haut que prévu. Ce qui n'est plus souvent pas le cas. Et du coup on voulait s'arrêter chaque fois à 8 millions d'années, puisqu’on veut l'histoire qui se situe entre. Donc on était un peu dépendant d'eux à chaque fois pour arrêter et prendre les décisions. Donc voilà. C’est un peu n'importe quand dans la journée, au moment où on sait qu'on a atteint tout [8 millions d’années],  on prend les décisions et on arrête. Donc voilà, on a besoin d’eux. Il nous reste un labo à voir, donc qui se trouve sur le pont en-dessous.

[N.F.] Juste pour montrer avant, on a aussi quelques microscopes électroniques. On en a deux, il y en a un plus ancien et un nouveau ici. Il y a une personne à bord qui est en charge de faire les lames minces. Donc on a eu quelques roches indurées et on a pu avoir des lames minces qu’on a pu observer avec le microscope électronique à balayage. Et il y a aussi des sondes EDS [Spectroscopie à Dispersion d’Energie] qui permettent de mesurer la composition chimique des différents éléments. Et ça a été très utile parce qu'il y a pas mal de minéraux qu'on n'a pas réussi à identifier au microscope optique, donc c'est très important. Le seul problème, c'est que, dès qu'il y a un peu de vagues, les images font un petit peu des vagues. Donc il faut choisir les jours. On ne peut pas le faire en transit, on ne peut pas le faire quand il y a des grandes vagues... Dès qu'on sent un peu les vagues nous-mêmes, ce n'est pas possible. Donc ça limite un peu les observations. Mais ça a été très utile en tous cas pour le deuxième site. On a récupéré pas mal de roches indurées et on a pu faire quelques lames minces.

[E.D] La diagénèse... avec certains sels, c'est compliqué.

31:46 - 33:18
Partie 11 : Les logs de synthèse et le corridor du souvenir

[E.D.] On a récupéré quelques mètres de carottes. On est à un peu plus de 2,3 km, je crois, 2,4 km de sédiments.

[N.F.] Si vous voyez, là, c'est tous les logs que Manu a fait qui sont en fait un résumé des descriptions qu’on a fait sur papier, directement sur les carottes. Donc, elle nous a très gentiment fait tous ces résumés, qui sont après remis de manière encore plus résumée pour les rapports finaux de tous les sites. Donc il y a beaucoup, beaucoup de mètres de carottes, il y a beaucoup de mètres de papier.

[E.D.] Le but c’est aussi, quand on choisit de faire un puits parallèle, c’est aussi de savoir quand est-ce qu'on récupère. Vous voyez, des fois on a des manques, surtout quand on a des sables, des choses comme ça non-consolidées. Donc quand on fait les puits parallèles, il faut qu'on soit en décalage, qu’on choisisse le bon décalage, la bonne longueur de carottes pour essayer de combler ça. C'est exactement ce qu'on est en train de faire ici. On a eu des gros vides, alors le vide qu’on essaye de combler, il est là. Il est pile-poil à la limite Pliocène-Miocène. Donc exactement ce qu'on cherche, et en ce moment, on a du mal à récupérer. Voilà, donc on va descendre pour voir le labo. On va pouvoir profiter de la cage d’escalier. Vous avez tous les logos des précédentes expéditions. Donc on est la 401ème depuis 1968. Il y a des logos un peu partout. Donc ça c’est les scientifiques qui en proposent un pendant l’expédition, on repart avec, qui illustre un peu ce qu’on a fait dedans. Il y a l’officiel et puis celui-là. Donc c’est Natacha qui a gagné celui de cette année.

33:18 - 36:23
Partie 12 : Le labo de géochimie

Le labo de géochimie.

Alors, en géochimie, on récupère deux types de matériel. La première chose, quand on coupe les carottes, juste au moment où on coupe entre deux sections, on vient récupérer du sédiment qu’on va mettre dans ce typede fiole. Et on va récupérer le gaz qui est à l’intérieur. Donc là, il y a un aspect sécuritaire derrière, effectivement. Donc le gaz qui va s'en dégager, on le récupère à l’aide d’une seringue et on l’injecte dans ce type de chromatographe. Alors c'est important. Il y a un site qui était critique, par exemple, pour qu’on puisse atteindre la profondeur qu’on voulait, le safety panel qui a autorisé ce forage a recommandé... On ne lance pas une vraie carotte tant qu’on n'a pas les données de gaz. Ce qu'on a fait. Alors ça nous ralentissait parce qu’on attendait 50 minutes à chaque fois le process avant de l’avoir. On était obligé. Donc on a eu des pics assez hauts de méthane à certains endroits. Donc on regarde tous les types de gaz. On regarde surtout pour le méthane, s'il va être biogénique ou s’il va être thermogénique, évidemment. On est tout le temps resté dans les limites tout à fait acceptables de gaz.

[N.F.] D’ailleurs ici il y a les courbes qu'on a fait.Le niveau critique c’est là, et on est toujours bien, bien en-dessous.

[E.D.] Alors sachant que ça dépend de la profondeur et de la température parce qu’on mesure la température également. Ca, c’est le gaz. Ensuite, ils récupèrent... Alors c’est eux qui arbitrent un peu, mais tous les 10 mètres, on va récupérer une petite section de sédiment. Ça, c'est la dernière carotte qui vient d’arriver. Ce type de section. Donc on va mettre dans une presse et qui va donc compresser le sédiment et on récupère l'eau interstitielle, c’est ce que vous voyez ici dans la seringue qui est dedans, sur lequel est fait tout un tas d'analyses, notamment les salinités. Là, c'est là où on a eu des profils très, très intéressants. Alors qui peut être de la salinité de l’époque sur le site qu’on a. Le site précédent, on a des salinités qu'on a pu, avec tous les éléments analysés, on sait que c'est de la dissolution issue d'une grande unité allochtone déplacée avec des sels qui sont Trias ou des choses comme ça. Avec le sédiment compacté qu'on récupère, on récupère un truc qu'on appelle un squeeze-cake, et avec ce sédiment-là, on peut faire des choses, donc on le partage. Il y a des gens qui travaillent sur les pollens dessus, par exemple sur des choses comme ça, mais également, c’est là-dessus qu’on va étudier la teneur en carbonates, le carbone organique, etc. Donc tout un tas d'analyses qui sont faites dans ce laboratoire ici. Et qu’on a, pareil, en temps et en heure ou avec un peu de décalage et qui nous permet également de répondre à certaines de nos questions. Alors Natacha parlait tout à l’heure des problèmes des mouvements du bateau avec le microscope électronique à balayage, ici c’est les balances. Les balances sont des balances de précision, quand ça bouge, c’est une catastrophe, c'est assez compliqué. Donc elles sont tout le temps mises jour mais c’est... Il y a un petit enjeu.

[N.F.] Je ne sais pas combien de mesures ils font pour le poids à chaque fois, mais c’est une centaine...

[E.D.] On ne se rend pas compte, mais voilà, c'est pas pareil que travailler à terre.

36:30 - 38:23 
Partie 13 : Le labo XRD (X-ray diffraction)et le litholamellage (lames-minces)

[N.F.] Donc il y a deux labos supplémentaires. Donc c’est principalement... Donc là on a un labo pour le XRD. Sur les squeeze-cakes, on a récupéré pas mal d'échantillons pour faire des analyses au XRD parce que on peut voir la composition par les analyses des carbonates et on a la composition de carbonates, mais on n’a pas la composition des argiles, ce qui est assez important pour nous. Et aussi pour avoir une proportion en différents types de carbonates. Parce que quand ils font... Les chimistes, quand ils mesurent les carbonates, ils assument que tout est de la calcite. Ce qui n'est pas le cas, on avait pas mal de dolomite dans les sédiments. Et donc, de pouvoir calibrer leurs mesures chimiques avec le XRD, ça permet d’avoir une étude précise de quels minéraux on a à l'intérieur. Donc on a dû faire un échantillon pour le XRD toutes les trois carottes en général, et à chaque fois qu’on a une nouvelle lithologie pour permettre de définir ça un peu plus précisément. Et j’ai dit tout à l’heure qu’il y a une personne qui est chargée de faire les lames minces. Donc il a fait une vingtaine de lames minces je crois pour le moment. Et donc là, vous avez tout l'équipement classique, avec une...

[E.D.] Les tours

[N.F.] Pour remettre à plat, pour faire bien lisse, tout ça.

[E.D.] On peut même faire des plots montés, des résines à prise rapide. Donc on peut des fois monter également des grains, des choses comme ça.

[N.F.] Là il y a eu des lames minces, il est en train de préparer... va arriver notre numéro 26. Donc, voilà. On va être bien occupés à les regarder jusqu'à la fin aussi.

[E.D.] Oui, oui-oui... On est un peu...ric-rac au niveau du timing. On va aller dans la salle de conférences.

38:23 - 01:00:31 
Partie 14 : Les questions

 [N.F.] Alors très important : la table de ping-pong imaginée avec les tables de conférences.

[E.D.] On a vu, globalement, tout là où on a le droit d'aller.

[N.F.] Et où il y a du Wi-Fi.

[E.D.] Et où il y a du Wi-Fi, c’est clair. Donc si vous avez des questions.

[N.F.] O.K.

 

38:44 - 39:34
Partie 14.1 : Combien y a-t-il de personnes à bord ?

[E.D.] Alors, il y a des questions dans le chat. On est 117 à bord, en sachant que dans les 117 on est 26 scientifiques et il y a deux personnes comme Erin, Kellan, qui sont chargées de comm [communication] Il y a une dizaine de techniciens qui nous aident, pour tout... enfin, sur les 24h. Ensuite, on a... Bon les membres d'équipage pour naviguer, et on a les membres de l'équipage du forage. Donc, on est 117 en tout.

[N.F.] Et tout le personnel d'intérieur aussi, qui font à manger, la lessive... Parce que, génial : on va se coucher, on met la lessive à laver, on se réveille le matin, c’est lavé, c’est plié, c’est sec.

[E.D.] Oui-oui, c’est vrai... Le retour à terre est compliqué pour plein de raisons. [Rires]

39:34 - 40:57
Partie 14.2 : Qui finance le Joides Resolution ?
Quelle est la longueur totale du puits ?
Combien de mètres de carottes avez-vous récupérés ?
Quelle est la durée d'un forage ?

Le bateau, il est sous pavillon chypriote, mais c'est la NSF qui le finance.

Alors ça dépend des puits. Le puits le plus profond qu’on ait atteint... On n'a pas été jusqu'à 1400 mètres, mais 1350, c’est le puits ici, en Méditerranée. le plus profond. Donc, il nous faut quinze jours environ pour faire un puits comme ça. Alors on n’a pas récupéré depuis le haut, mais on a plus de 1000 mètres en général.

[N.F.] Ouais, c’est ça.

[E.D.] On a 1000-1200 mètres par puits à peu près.

[N.F.] Et là, au total, on a quasiment... on a plus de 2300 mètres cumulés.

[E.D.] Oui. Ouais-ouais. En tout cumulé, ouais. Et la durée d'un forage, ça dépend de la profondeur, ça dépend si on récupère tout, ça dépend si on est sur des demi-carottes [4,8 mètres], ou des carottes complètes [9,7 mètres]. Ça dépend de la tête de forage, c'est pas les mêmes taux de récupération, enfin, les mêmes vitesses de forage. Et après ? Pour donner un ordre d'idée, une carotte sur le pont, ça dépend évidemment de sa profondeur et avec quoi on fore, mais quand on est confortable, c’est-à-dire quand on est profond, c’est toutes les 2h et quand on est vraiment au sommet, c’est-à-dire ce qu’on a fait pour le premier puits, ça peut être toutes les 20 minutes. Donc il faut être ultra-réactif.

[N.F.] Et puis ça pour décrire, il n'y a pas de temps, les carottes s'accumulent et quand une carotte arrive toutes les 20 minutes, ça prend plus de temps que ça pour décrire 10 mètres des carottes.

[E.D.] Puis après il faut qu’il y ait une rotation. Donc une fois qu'elles sont décrites, elles sont emballées, elles sont descendues dans un container au frais en bas, donc on ne peut pas aller les rechercher facilement.

40:57 - 41:52
Partie 14.3 : Combien de temps faut-il pour faire une analyse de carotte au complet ?

Pour tout complet... C’est plus de 2h je pense.

[N.F.] Il faut plus de 2h. En général, ce qui prend le plus de temps, c'est quand même la description. Ca dépend de la complexité de l’échantillonnage. Ça dépend de la complexité des carottes. Ça dépend aussi... Il y a des intervalles qui étaient plus importants, donc pour lesquels on a pris des échantillons pour...

[E.D.] Oui, pour les isotopes. Oui, on va faire des isotopes assez rapidement pour avoir un ordre d’idée d’où on se trouve effectivement, parce que des fois, il n’y a pas de bio-événement. En fait, dans la période messinienne qui nous intéresse, ils sont à l'intérieur, donc c'est un peu compliqué. Donc on a fait un choix de faire des analyses isotopiques dans les six mois qui suivent, avant de faire l'échantillonnage. Pour que les gens puissent vraiment sélectionner l’endroit où on est. Faut juste se rendre compte qu’une carotte comme ça, elle ne fait que 6 centimètres de large, des fois on en a qu'une. Donc le sédiment il vaut cher, on n’échantillonne à tort et à travers.

[E.D.] Quatre...

[N.F.] Dans le comité ouais.

[E.D.] On est quatre dans le comité à accepter chaque échantillon qui est demandé pour être sûr que, voilà, on préserve un petit peu ça.

41:52 - 43:11
Partie 14.4 : Pourquoi le taux de récupération est-il faible à certains niveaux ?

Alors ça dépend. Le taux de récupération. Il est surtout dépendant de la lithologie. Là, par exemple, ce qu’il s'est passé cette nuit, on avait sur la tension de câble, on savait qu'on remplissait la carotte. Par contre, au moment où l’eau est injectée pour pouvoir récupérer... il y a tout un système pour remonter la carotte à bord, on voyait que tout fichait le camp à part ce qui est vraiment boueux. Donc on pense que ce sont des dépôts non-consolidés. Alors on le sait parce que, en fait, le puits qu’on est en train de faire,c'est pour combler des trous qu'on a sur le puits qu’on a fait il y a quelques jours, et on a récupéré une toute petite portion, notamment, de conglomérat non-consolidé. Donc on pense qu'on est là. On présume peut être une surface d'exondation à ce moment-là, évidemment, c’est la période critique qu’on veut. Mais il n'y a pas de technique miracle qui permette de récupérer ça. On change les core-catcher, enfin les ogives, qui des fois permettent de mieux récupérer si on sait que c’est du sable ou pas. On a eu la même chose dans le golfe de Cadix à un moment donné, on pense que c'est des sables inconsolidés. En tout cas, c'est ce que ce qu'on a entre les données des foreurs et ce que nous on récupère, les quelques indices. C'est que des fois, on n'arrive pas à récupérer certaines choses. Après, ça peut être aussi... Le forage détruit un peu le puits, le puits n’est pas très bon, donc du coup, au fond s'accumulent des choses qu'on n'arrive pas à collecter. Donc on a des systèmes qui viennent nettoyer le puits. Des fois on est obligé de le nettoyer avant de recommencer.

43:11 - 44:06
Partie 14.5 : À quoi correspondent les sortes de "sucettes plates" que vous nous avez montré ?

Les sucettes plates... [rire] Comment on pourrait dire ? C’est des sortes de petits drapeaux qui permettent simplement que... En fait quand on met une carotte sur la table d'échantillonnage, tout le monde vient... Enfin tout le monde... Par exemple, pour le paléomagnétisme, ils ont besoin de cubes pour faire des analyses sur des échantillons particuliers. Ça peut être pour les isotopes, ça peut être pour nano [nannofossiles]. Ils ont besoin des fois de ré-affiner des fois un peu la biostrat [biostratigraphie], etc. Donc chacun met ses petits drapeaux et il faut que ce soit accepté. Et ensuite chacun vient échantillonner, vient tout rentrer dans la base de données, imprimer les étiquettes qui vont avec et après chacun échantillonne, en sachant que des fois il y a un ordre particulier. Surtout là les carottes deviennent dures, donc quand on veut les échantillons, des fois ben il faut les couper à la scie. Donc ça prend un peu de temps de faire ces choses-là. Donc les petits bâtonnets, c'est pour localiser ce qui est pour le carbonate que ce qui est pour la diffracto-X [XRD], ce qui est pour le p-mag [paléomagnétisme], etc.

44:06 - 45:35
Partie 14.6 : Avec quels appareils travaillez-vous ?
Avez-vous trouvé de la halite (du sel) ?

[N.F.] Alors moi, en sédimento [sédimentologie], tous ceux que je vous ai montré, on les utilise. Donc à la fois le microscope, l'appareil qui prend toutes les images, celui qui mesure la spectrocolorimétrie et aussi le rayon X. Donc ça on utilise toutes les machines toute la journée en fait, et toute la nuit aussi.

[E.D.] Ce qu'on n'a pas précisé peut-être, c’est qu’en fait, les gens sont affectés à des labos. Par exemple Natacha est dans le labo de sédimento, donc elle travaille sur les appareils de sédimento. Il y a des gens qui y font que du paléomagnétisme, que de la biostrat. Donc les gens font de tous les appareils que vous avez vu pendant le tour, quasiment tous les jours, à part effectivement le microscope électronique à balayage, des lames minces on n'en fait pas tous les jours. Mais globalement tout tourne, avec des personnes différentes. Et selon deux quarts : on a deux quarts de 12h. Et pour répondre à la question sur la halite, on vise des sites où normalement, il n'y a pas de halite. Déjà parce que c'est compliqué à récupérer, justement. Pour des raisons techniques, pour des raisons aussi de sécurité, parce que c'est des zones imperméables où après on peut avoir des surpressions de fluides, etc. Le Joides est un bateau de forage mais qui n'a pas de système de riser [Commentaire de E.D. : c'est le système d'échange de boue bateau-puits. Avec le JR on utilise uniquement l'eau de mer en forant. Les systèmes de riser permettent de maintenir une pression dans les réservoirs potentiels] donc on est pas autorisé à forer ce type de choses-là. Donc la mer d’Alboran, normalement il n'y a pas de halite. Quelque chose qui ressemble mais c’est de toutes petites zones à certains endroits. Enfin, c'est tout petit. On peut avoir un petit peu de gypse, mais il est remanié des positions marginales. Donc on n'est pas censé être dans le sel. Oui. Effectivement, quand on trouve des choses suspectes, on met pas de l'eau On essaie de faire un peu attention à ça.

[N.F.] Et du coup là on a fini toutes les questions du chat. Est ce que vous avez des questions dans la salle peut-être ?

45:35  - 48:05
Partie 14.7 : Combien de temps dure une mission comme celle-ci ?

[Michel Franceschi] ça dure combien une mission comme ça ?

[Raphaël Bourillot] Michel demande combien de temps dure la mission.

[E.D.] C'est deux mois, c'est toujours deux mois. On va dire entre 60 et 63 jours, en général, c'est à peu près le temps entre le transit et le temps de forage. Et même ça... On court après le temps.

[Raphaël Bourillot] Vous arrivez vers la fin, en plus.

[E.D] Exactement. Le puits B c'était pas du tout prévu, ça fait partie des choses... Alors en plus, quand on change un peu nos plans, il faut qu'on ait une acceptation du safety panel qui est au Texas. Donc des fois, on joue la montre pour les horaires pour que les gens puissent nous répondre. Donc voilà, il y a eu 2-3... il y a eu quelques moments un peu tendus avec ça. Là on fait un puits B ce qui n'était pas prévu, parce que le logging n'a pas fonctionné comme dans beaucoup de puits, parce que voilà, le puits se referme...

[N.F.] Ah et aussi il est incliné.

[E.D.] Aussi, on a eu des problèmes d'inclinaison, donc ça c’est assez... ben ça, ça n'aide pas à faire passer des sondes dedans. On est sur la fin. Oui c'est ça. Le puits B, qu'on vient de commencer en sachant qu'on doit absolument arrêter les opérations dimanche midi, parce qu'il y a tout un tas de choses à remonter, etc. qui sont assez longues avant le transit. Donc là, on court contre la montre entre ce qu'on a le droit, jusqu’où on a le droit de forer et... on va faire jusqu’au au maximum, et ça veut dire aussi pour les scientifiques et tout le monde, décrire et écrire les chapitres. Parce qu'on écrit tous les chapitres qui sont dessus à ce moment là, nous on doit les corriger derrière... Donc là... faut qu’on finisse.

[N.F.] Le problème c'est qu'en plus les descriptions, c'est ça qui prend le plus de temps. Donc c'est là où on a le plus de figures... je crois que ce sont les rapports les plus aussi. Donc du coup, on est ceux qui finissent toujours en derniers, et il va falloir tout finir d’écrire et Manu va devoir tout lire et les autres...

[E.D.] Surtout que l’expédition qui est derrière, elle est en mer Tyrrhénienne, donc, en fait, on arrive le matin à 9h [à Naples], à 11h, on dégage le bateau et les autres embarquent quasiment derrière. Alors ils ne partent pas tout de suite. Ils partent quelques jours après. Mais comme ils n'ont pas de temps de transit, il faut que tout ce que on a fait pendant le transit entre Amsterdam et la marge portugaise, notamment apprendre à utiliser tous ces appareils, apprendre tous les codes, et des codes il y en a tout un tas, pour que quand la première carotte arrive sur le pont, on soit hyper efficace, et eux ils vont faire ça sur le port. Donc nous du moment où on touche le port, on attend juste nos passeports et on est viré ! Donc il faut que tout soit fait avant.

48:05  - 48:57
Partie 14.8 : Les données de rayons X acquises sur demi-sections sont-elles de bonne qualité ?

[Hervé Gillet] Salut Manue, salut Natacha, Super pour cette visite là, c'est super. Et puis on est ravi de vous voir en super forme là au bout de de deux mois. [rires]

[E.D.] Heureusement que vous ne voyez pas très bien je pense [rires]

[N.F.] C’est parce que je vais bientôt aller me coucher et Manue elle vient de commencer, alors...

[E.D.] Je suis déjà sous caféine, donc ça va. [rires]

[Hervé Gillet] Ouais, j'ai des questions techniques et puis scientifiques. Ah, tu nous a montré le X Ray là ? Et du coup vous passez les demi-carottes entières là-dedans, là, vous ne faites pas comme chez nous, de plaquettes ?

[E.D.] C'est ça.

[Isabelle Billy] On peut passer des demi-carottes chez nous aussi.

[Hervé Gillet] Ah oui. Ouais mais ça donne quoi du coup ? Ils sont contents les gens ? Là tu dis que le gars était hyper content...

[E.D.] Ah, c'est pas les plaquettes d'Isa, c'est sûr, ou d’Olivier, faites sur un centimètre. C’est sûr, c’est pas la même chose. Mais ça permet quand même des fois de voir des choses.

[N.F.] Mais il y a pas mal de bioturbations qu’on ne pas du tout voir en surface et on voit vraiment bien. Par exemple, il y a plein de terriers avec de la pyrite autour et on les voit vraiment très, très bien sur les rayons X, qu’on ne voit pas du tout en surface des fois.

[E.D.] Pour calibrer avec les propriétés physiques des fois, quand le magnétisme est très fort etc. on voit que c'est dense ou pas, il y a des choses qui nous aident quand même. Et quand il y a morceaux de la tête de forage qui en sont tombés dedans.

48:57  - 50:22
Partie 14.9 : Quelle quantité de sédiment est dédiée aux "squeeze-cakes" ?

[Hervé Gillet] J’ai une autre question. Dans le labo de chimie là, vous nous avez montré l'extraction, là où vous passez votre carotte dans un dans un pressoir.

[E.D.] Les eaux interstitielles, ouais.

[Hervé Gillet] Mais ça, c'est quelle portion de votre carotte ? À combien de pourcents du sédiments vous... ?

[E.D.] On essaie que ce soit une proportion... alors ça dépend de l’eau. En fait, il faut une quantité minimum d’eau qu’on récupère, donc on commence dans les carottes peu indurées : 5 cm. On peut aller jusqu'à 15 cm et après, c'est à nous de décider ou pas. Parce que forcément tu enlèves cette lithologie, c’est-à-dire qu’elle ne sera jamais décrite. On ne sait pas ce qu’il y a dedans. Enfin, tu peux voir une fois que ça a été squeezé mais enfin, c'est pas terrible. donc, et on le prend au milieu de la carotte en général. On choisit un petit peu l'endroit pour que justement ce n'ait pas été contaminé par au sommet ou en haut de la carotte. Et on récupère le gaz juste en passant. Mais quand on coupe. Par carotte, en général, tous les 10 mètres, on a un échantillon de 10 cm. On va dire en moyenne. 10 cm de large pour faire ça.

[N.F.] Mais le problème en plus de ça, c'est que du coup, quand... comme on a des mesures de XRD, de composition en carbonates le problème, c’est qu’on ne peut jamais vraiment le matcher avec les lithologies qu’on a parce qu'on ne sait pas exactement quelle lithologie c’est. Alors des fois c'est facile, quand les lithologies ce sont les mêmes sur 1,5 - 2 mètres, 3 mètres, c'est pas un problème. on peut imaginer que c'est la même chose. Mais quand ça alterne assez rapidement, c'est un peu compliqué de savoir exactement... de deviner en fait ce qu'on n'a pas pu décrire.

50:22  - 51:39
Partie 14.10 : Pourquoi y a-t-il un décalages entre les données sismiques et les données biostratigraphiques ?

[Terres du Passé] Oui, j'ai une petite question sur les profils sismiques, Tu as dit que les profils sismiques ne donnaient pas la bonne profondeur qu'il avait fallu adapter avec la biostrat [biostratigraphie]. Et pourquoi est-ce que justement, il y a ce décalage qui s’est créé ? Est ce que vous savez ça ?

[E.D.] Les vitesses. Les vitesses des ondes dans le sédiment qui sont pas bonnes, en fait. On en prend une moyenne, mais Plus on va profondément, plus il y a des chances que ça change. Et c'est pas toujours les bonnes qui ont été prises. Donc globalement, Mais ce qui arrive souvent en général, c'est plutôt que l’événement soit plus bas que prévu. Et nous, c'est plutôt l'inverse qui s'est produit. Donc c'est pour ça que on était un peu... des fois... sur les dents et que les biostrats étaient réquisitionnés pour travailler vite et... quitte à ré-échantillonner dans les carottes à l'intérieur pour trouver les bioévénements qu'il nous fallait pour faire ça. Ça, c'est assez dépendant de chaque expédition. Celle que j’avais faite il y a une dizaine d’années, on n'avait ces problèmes. On était dans le Pléistocène-Pliocène, ça collait bien. Là, on est plus profond et... c’était pas... c’est pas toujours soutenu, voilà. Mais ce qui est important, hein, parce que quand on voit la lithologie et qu’on veut la coller sur la sismique, c'est compliqué en fait. Des fois on ne sait vraiment pas où on est par rapport à un réflecteur. Et comme les diagraphies n'ont pas fonctionné comme on voulait, ben... On est un petit peu... On est obligé de... voilà, trafiquer comme on peut. C’est pas la meilleure partie, on va dire, des données pour l’instant.

51:39 - 54:49
Partie 14.11 : Quelles diagraphies avez-vous acquises ?

[Carine Grelaud] Quelles diagraphies vous avez acquises ?

[E.D.] C’est quelles diagraphies on a acquises. Tu veux répondre ? On a Fadl Raad avec nous qui est de l’université de Corse.

[Fadl Raad] Bonjour ! Bonjour à tous ! Désolé, je viens de sortir de la salle de gym. Dans la partie de diagraphie, normalement on fait trois logs différents. Dans le premier, on fait descendre dans le puits un appareil qui mesure le gamma ray le triple combo qui mesure donc gamma ray, densité, résistivité et la susceptibilité magnétique. Dans le deuxième log, on mesure la vitesse ondes, donc un sonic log [log sonique], la vitesse des ondes sismiques et le gamma ray une deuxième fois comme ça, on a calé, on peut caler les profondeurs. Et dans le troisième, un fait un VSP, Vertical Seismic Profile [Profil Sismique Vertical]. Donc on fait des choses avec [...?] et on essaie de mieux deviner la profondeur en temps double là où on est arrivé dans le puits. Ah oui, et en dernier, ça s’appelle le FMS, qui est la micro-résistivité. Il fait une acquisition à résolution très très élevée de tous les 2 cm. Voilà, et ça nous aide à deviner la lithologie des roches qu’on a raté dans les carottes. Qu’on n'a pas réussi à récupérer, voilà.

[E.D.] Sur le papier, c'est génial. Il faut absolument avoir tout ça.

[Fadl Raad] Voilà. Donc ça, c’est en principe. Mais finalement, on n’a rien acquis de tout ça... sauf le premier puits qui a fonctionné. On a obtenu un triple log au complet. On n’a pas pu faire le FMS mais on a fait quelques...

[E.D.] On avait trop de houle à ce moment-là. Le FMS est très sensible à la houle et il y avait beaucoup de houle et voilà. Et il n’y avait pas de compensateur. Après tous les autres quasiment, on a eu des... Alors il y en a un, on a choisi de ne pas le faire parce qu'effectivement c’était un puits un peu particulier qu’on venait chercher et bon, la fenêtre météo faisait que de toute façon, il fallait qu'on échappe il y avait une tempête, il fallait remonter le pipe, donc c’était terminé.

[N.F.] Il fallait partir. Et les deux autres puits, ben c'était les plus profonds, et effectivement, ben, quand on descend profond, le puits se détériore aussi et on a été coincé à chaque fois. Alors, en plus, on se doutait de l'endroit où on allait être coincé parce que même quand ils remontaient le pipe,  l’outil était souvent coincé à un endroit donné. Et effectivement, c'est toujours là où ça a coincé avec les appareils. Donc, alors à la fois, ça peut être des argiles de flan qui ferment, ça peut être des choses qui s'effondrent, et puis une inclinaison.

[Fadl Raad] L’inclinaison de puits. Et ça aussi, ça va changer l’estimation de profondeur pour répondre aussi à la question précédente. ça a contribué aussi à la profondeur maximale qu’on a rajouté par rapport à la sismique, cette inclinaison.

[E.D.] Quand on commence à faire plus de 1 km ou 1,7 km de forage, eh bien une inclinaison de quelques degrés, ça fait qu’on est à 500 mètres de là où on pensait être. Ce n'est pas rien.

[N.F.] Et sur le profile, on s’est trouvé quasiment 80 mètres plus haut que ce qu'on pensait être, au final, un truc comme ça.

[N.F.] Oui-oui, on a des off-sets, des points de plusieurs dizaines de mètres. C’est pour ça qu’on fore aussi ! Ce n’est pas la même image, la sismique est une belle image mais quand on fore, ce n’est pas tout à fait ça.

54:49 - 56:01
Partie 14.12 : Le forage est-il fait en une seule fois ou en plusieurs phases ?

[Carine Grelaud] Vous faites le forage en une seule fois ou vous faites plusieurs phases avec des tubes ?

[E.D.] On descend, l'outil est toujours dans le puits, et on descend comme ça 10 mètres par 10 mètres et on fait juste remonter le liner en fait pour les carottes. Et on ne le fait pas en plusieurs fois par ce que c’est hyper long. Pour atteindre ça il nous faut plus de 10 jours en fait pour atteindre 1700 mètres de profondeur. Donc par contre quand on fait une diagraphie, on remonte effectivement tout. On a un cône de ré-entrée de toute façon, puisqu'on a fait un casing, Donc c'est une sorte de chemise, on a chemisé en fait le puits sur la partie qu’on n’a pas récupéré au départ Donc ici on a fait 750 mètres de casing sur ce puits-là. Donc on vient mettre un tube effectivement et on a un cône de ré-entréepour pouvoir viser ensuite avec un système de caméras et re-rentrer les outils dedans. On est obligé de tout remonter quand on change l’outil de forage. Donc on essaie de bien calculer avant si on est... Il y a plusieurs types de têtes de forage, de trépans, et donc il faut y réfléchir un peu avantpour ne pas perdre de temps à tout remonter et tout changer. Mais sinon, on fore en une seule fois, on essaie de le faire entre guillemets, le plus vite possible pour justement le puits conserve pour essayer, préserver les diagraphies au final.ça n’a pas fonctionné, mais... Le but, c’est ça : c’est de forer le plus vite possible pour préserver ça.

56:01 - 57:20
Partie 14.13 : Comment les déchets sont-ils gérés sur le navire ?

[Etudiante Ensegid] Ben déjà, Merci beaucoup dans cette présentation très pertinente et pour les explications. Mais du coup ma question n’est pas technique, mais j'aimerais savoir comment sont gérés les déchets sur le navire ?

[E.D.] Ah ben c’est une très bonne questions ça ! Ah non, mais c’est hyper intéressant. La partie technique de ce navire, c’est absolument incroyable tellement on est autonome de ce point de vue-là.

[N.F.] Alors je ne suis pas super pro de la partie de gestion des déchets. Déjà, rien n'est autorisé à être jeté par-dessus bord. Ça c'est clair.

[E.D.] Alors tout est trié en fait. Il y a des poubelles pour à peu près tout à bord, un peu partout. Donc, alors dans ce qui est jeté par dessus bord, si, c'est tout ce qui est nourriture tout ce qui organique. Donc c'est pour ça que des fois je pense qu'on a un petit peu de succès auprès des goélands. Ensuite, on a toute une partie qui est... On a des incinérateurs, tout ce qui peut être brûlé est brûlé. Donc on récupère... En plus il y a tout un système pour récupérer l'énergie produite par la chaleur, on fabrique notre propre énergie à bord et après on a tout ce qui n’est pas... qui est recyclable etc., tout est stocké. Et donc on a une grande zone de stockage près de l'héliport, là, à un endroit proche de la plage hélicoptère. Il y a tout un endroit et qui après est redéposé au port. Et après on fabrique notre propre eau à bord Donc elle est pompée depuis l’eau de mer, elle est filtrée, alors de différents filtrages selon si elle est pour la consommation, ou pour le reste. Donc, on ne boit pas à tous les robinets sur le bateau. Mais on est autonome globalement.  Mais on va ramener quelques déchets.

[N.F.] Un peu.

[Etudiante Ensegid] Super, merci !

57:20 - 59:14
Partie 14.14 : Que reste-t-il au fond de la mer une fois que le forage est terminé ?

[Etudiant Ensegid] Juste, je me demandais une fois que vous avez fini les forages, il reste quoi ? Vous partez en laissant un trou ?

[E.D.] Ouais, alors le trou, il n’est pas gros. Le trou, au maximum, vue les têtes, il fait, même si ça grandit, il est à 50 cm. Donc en fait, souvent le sédiment déjà tombe un petit peu au fond et ça se referme la plupart du temps. Après, il y a des systèmes qui restent au fond, notamment les cônes de ré-entrée. Il y a des puits qui ont été forés plusieurs années de suite comme ça. Donc il y a des grands cône de ré-entrée métalliques qui existent, avec le nom du puits. Et on peut revenir dans ces puits-là par la suite. On a ce système-là. Notamment pour les personnes qui s'intéressent à la croûte océanique, il y a des forages qui ont atteint presque le sommet du manteau comme ça. Et donc des puits qui ont été ré-entrés, le puits [leg 140 ODP] 504 B est super connu. Il est dans le Pacifique. Et comme ça, on peut re-rentrer et revenir sur ces sites-là.

[Isabelle Billy] Tu veux dire que les chemises sont restées à l'intérieur ?

[E.D.] Ouais, alors c'est un chemisage métallique, effectivement, ça par contre ça reste dedans. Alors ça ne se fait pas à chaque fois. C'est vraiment que quand on a des puits très profonds, donc c'est assez occasionnel. Pour cette expédition, c’est vrai que c’était le cas. Mais la plupart du temps, il n'y a pas ce chemisage. D’abord parce que ça prend du temps. Il faut au minimum trois jours pour l’assembler et le mettre. Alors le casing, il permet, en plus d’avoir quand même au moins le gamma ray. On arrive à avoir le gamma ray comme ça. Quand on fait les diagraphies.

[Isabelle Billy] Merci Manue

 [Raphaël Bourillot] O.K., merci beaucoup. Je sais Manue, quand tu reviens, tu as prévu de faire aussi des présentations. Donc on tiendra les gens au courant.

[E.D.] Oui, ben l'idée c'est de faire une présentation de tout ce qu’on a découvertparce que c'est assez chouette. Il y a des choses auxquelles on ne s'attendait absolument pas, donc ouais-ouais, l’idée c’est ça, ouais. Je vais reprendre un peu de sommeil avant. Mais oui-oui. Tous ceux qui sont intéressés... Oui, le sommet c’est un truc accessoire ici. Mais il n'y a pas de problème on fera un truc dessus. Sinon merci à vous. C’était très sympa

[Raphaël Bourillot] Vous avez eu beaucoup de succès.

[E.D.] A bientôt !

59:14 - 01:00:00
Partie 15 : Remerciements

01:00:00 - Fin

Partie 16 : Bonus

 

Références Bibliographiques
Exon, N. F., & Arculus, R. J. (2022). Scientific ocean drilling in the Australasian region: a review. Australian Journal of Earth Sciences, 69(3), 305-382.

 

À propos du Joides Resolution, IODP.

Membres d'équipage de l'expédition de recherche IODP 401, IODP.

Musique : Drunken Sailor, de Cooper Cannell, bibliothèque audio YouTube.

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