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Contexte géologique et archéologique du Bas-Médoc 2/2 Contexte géologique et archéologique du Bas-Médoc 2/2

Bonjour à toutes et à tous et Bienvenue pour cette nouvelle vidéo de Terres du Passé !

Aujourd’hui, je vous propose de continuer notre histoire paléoclimatique et paléoenvironnementale de la côte du bas-Médoc en collaboration avec le projet de Sciences participatives Iconopastt !

Salut tout le monde ! Génial, alors tu vas nous raconter l’histoire de l’estuaire ?

Oui, en effet, c’est l’objectif du jour ! Et pour ce faire, je ne serai pas seule !

Ben non, j’suis là !

Euh… oui, en effet, tu es là. Mais nous aurons également avec nous Frédérique Eynaud, du laboratoire EPOC !

GENERIQUE

De 19 à 6 000 ans avant aujourd’hui, le niveau marin remonte avec la transition d’une période glaciaire à une période interglaciaire. Le réchauffement induit les fontes des calottes et une augmentation du niveau marin.

Tant que le niveau marin remonte, la côte médocaine et l’estuaire sont en érosion permanente, tout change sans arrêt et ce n’est qu’avec la fin de la transgression, donc la fin de la remontée du niveau marin, que l’estuaire et la côte vont commencer à accumuler des sédiments et à se stabiliser. Même s’il leur faudra encore des siècles pour atteindre les conditions que nous connaissons aujourd’hui. Et encore cela bouge-t-il en permanence, comme en attestent les dunes qui se font rogner par la mer chaque hiver.

Mais pourquoi le niveau marin arrête de monter ?

Parce que le climat se stabilise et que les calottes cessent de fondre et donc d’apporter de l’eau douce des continents vers la mer.

Mais… la banquise, elle fond chaque été… Et pourtant, le niveau marin ne remonte pas à chaque fois…

Non, c’est normal, parce que la banquise, c’est de la glace de mer : l’eau de mer gèle. Alors que les calottes, c’est de la glace de terre. Et quand l’eau qui se trouve piégée dans la glace sur terre est libérée dans la mer, on augmente sa quantité et donc son volume.

C’est le coup du glaçon dans un verre d’eau ?

Exactement. si on prend un verre avec un glaçon, et qu’on considère que ce glaçon était de l’eau de mer qui a gelé en hiver, en le laissant fondre totalement, on voit que le niveau de l’eau ne bouge pas. Parce que le volume d’eau ne change pas : l’eau gelée prend plus de place que l’eau liquide mais ce volume est compensé par la partie émergée du glaçon.
Par contre, si on prend un verre d’eau et qu’on lui ajoute un glaçon, on voit bien le niveau de l’eau dans le verre monter. Imaginons que ce glaçon, ce soit un iceberg libéré par une calotte ou un glacier continental, on comprend que son ajout augmente le niveau marin.

D’accord ! Donc la glace de mer ne change pas le niveau marin, mais la glace de terre qui vient en mer, ça fait monter le niveau. Et j’imagine que quand on augmente le volume des calottes polaires et des glaciers, on prend de l’eau à la mer et ça fait baisser le niveau marin.

C’est exactement ça, tu as tout compris !

O.K. ! Alors notre estuaire, jusqu’à il y a 6 000 ans, il se fait noyer en permanence par la remontée du niveau marin, la transgression, c’est ça ?

Oui, tout à fait. Il prend une forme de ria, donc sans limites clairement établies, avec de nombreux petits bras, ces fameux chenaux exutoires dont nous avons parlé dans l’épisode précédent.
Je propose de laisser Frédérique Eynaud nous en parler grâces (entre autres) aux résultats du projet de recherche ESTRAN qu’elle mène avec Florence Verdin en parallèle d’Iconopastt :

Si on prend les échelles les plus longues pendant la transgression marine, en fait, pendant la remontée du niveau marin jusqu'à sa stabilisation il y a environ 6000 ans, bon là, tout bouge. On est encore dans un système estuarien qui est une vallée de type ria qui va se remplir progressivement, donc en même temps que le niveau marin remonte. On a à ce moment là plutôt des comblements qui vont se faire dans la partie interne dès que le niveau marin s'arrête de monter, en fait, avant, c'est de l'érosion. C'est principalement ce qu'on constate avec des pertes de territoire importantes puisqu'on estime si on prend l'équivalent de l'embouchure au niveau du Nord Médoc, la pointe de Grave actuelle par rapport à ce qu'elle était au moment du début de la transgression, on avait des territoires qui ouvraient largement plus au large, avec une embouchure qui devait se situer plutôt 200 kilomètres au large de ce qu'elle est aujourd'hui dans ce littoral, cette interface océan/continent a régressé pour arriver jusqu'à une position à peu près stable il y a 6 000 ans. Et puis à partir de là, les modifications sont très hétérogènes. Ça dépend vraiment de là où on se situe. Si on en à l'intérieur de la ria, de la paléovallée, on va dire ou si on est plutôt à l'extérieur, vraiment la zone de l'embouchure, quasiment sur la plateforme, sur la marge.

D’accord, je comprends mieux. Donc quand on trouve de la boue et des argiles sur la côte médocaine, c’est qu’on était dans des chenaux le long de la ria.

Exactement ! D’autant que sur les cartes antiques, on voit que toute une partie des villes actuellement sur la côte étaient à l’origine à l’intérieur de l’estuaire !

Ah ouaaaaaais ! Mais ça a bougé, un truc de fou !

Oui, ça tu peux le dire !

Et, il y a des exemples pour lesquels Iconopastt a servi notamment ? Genre pour montrer que la côte était pas la côte mais l’intérieur de l’estuaire ou des trucs comme ça ? Genre, j’ai trouvé ces photos avec ces poteaux qui dépassent et je me demandais à quoi ça servait. C’était des trucs pour les huîtres ou… ?

Alors les poteaux, ce serait plutôt des appontements, donc plutôt des structures portuaires. En imaginant justement une géographie complètement différente. Ces appontements devaient donner sur des zones ouvertes plutôt estuarienne à l'époque où ils sont construits, c'est à dire côté interne de l'estuaire, pas côté plage sableuse. On imagine un trait de côte plage sableuse qui était bien au large, à plusieurs kilomètres au large, Donc transfiguration des paysages à cette époque.