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Rapa Nui (Easter Island) monument (ahu) locations explained by freshwater sources

Niveau de difficulté : 5

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La position des plateformes cérémonielles (ahu) de Rapa Nui (l'île de Pâques) expliquée par les sources d'eau douce

Résumé

Apporter des explications sur les processus sous-jacents à l'émergence de la construction de monuments est un thème majeur de l'archéologie anthropologique moderne. Des études récentes ont utilisé des modèles spatialement explicites afin d'expliquer ces schémas de fonctionnement. Rapa Nui est notamment célèbre pour son architecture rituelle élaborée, particulièrement pour ses nombreuses plateformes monumentales (les ahu, plateformes cérémonielles) et ses statues (les Moaï).

Mais pour dater ces éléments, dans tous les cas, nous manquons de modèles explites permettant d'expliquer les aspects spatiaux et temporels de la construction des monuments. Dans cette étude, nous utilisons un modèle spatialement explicite de processus ponctuel afin d'explorer les relations potentielles entre les sites de construction d'ahu et les ressources  de subsitance, à savoir :

  • les jardins agricoles en paillis rocheux,
  • les ressources marines,
  • et les sources d'eau douce,

les trois ressources les plus critiques de Rapa Nui.

Grâce à ces analyses, nous avons pu démontrer l'importance centrale, majeure, des suintements côtiers d'eau douce pour les populations pré-contact (N.B. : avant le premier contact avec les colons européens). Nos résultats suggèrent que la localisation des ahu s'explique plus parcimonieusement par la distance des sources d'eau douce, en particulier des suintements côtiers, avec des implications importantes pour la formation de la communauté et la compétition intercommunautaire dans les périodes de pré-contact.


Synthèse détaillée de l'Article

Introduction

Malgré de nombreuses recherches sur le sujet, des analyses formelles sur le rôle que jouent les facteurs environnementaux dans l'émergence de la construction de monuments sont largement sous-développées. Des études récentes, cependant, ont commencé à employer des modèles spatialement explicites afin d'explorer la manière dont la répartition des ressources joue sur les constructions de monuments (e.g. Howey et al., 2016 ; Howey & Clark, 2017 ; McMichael et all., 2014 ; Carrero-Pazos & Rodríguez-Casal, 2017). Ces études démontrent que les contraintes écologiques dessinent la position et la fonction des monuments pour les sociétés passées.

Rapa Nui est l'un des cas les plus spectaculaires illustrant cela : sur une période de temps de 500 ans, entre le 13e siècle et le premier contact avec des européens, en 1722, les Rapanui ont construit près de 300 plateformes mégalithiques (les ahu) et près de 1 000 statues anthropomorphiques : les Moaï (Hunt & Lipo, 2006, 2018 ; Lipo & Hunt, 2016 ; Martinsson-Wallin, 1994 ; Van Tilburg, 2011). Les réalisations des Rapanui sont d'autant plus impressionnantes en considérant la marginalité écologique de l'île, comprenant des précipitations faibles et imprévisibles, des sols pauvres en nutriments, un manque de grands récifs coraliens ou de sources abondantes d'eau douce (Hunt & Lipo, 2011).

rapa Nui - île de Pâques - article de DiNapoli et al., 2019

Figure 1. (DiNapoli et al., 2019) : En haut à gauche : Rapa Nui dans la Polynésie orientale. En haut à droite : positionnement des ahu. En bas : Ahu Tongariki avec des Moaï (Photo par R.J. DiNapoli).

 Afin de déterminer si ces méga-constructions sont dépendantes des trois éléments spatiaux clés :

  • la présence de paillage rocheux pour les cultures,
  • la présence de sources d'eau douce,
  • et la proximité de ressources marines,

Les modèles présentés ici se concentrent sur la partie orientale de l'île, partie qui se trouve être la plus documentée sur la distribution de ces trois ressources.

Nos résultats montrent que les ahu sont essentiellement positionnés à proximité des sources d'eau douce, ce qui explique au moins en partie pourquoi leur répartition est essentiellement côtière. Il en va de même pour les quelques ahu à l'intérieur des terres, essentiellement disposés proches des sources d'eau douce.

Discussion

 

 

 

Références Bibliographiques

Carrero-Pazos, M. (2019). Density, intensity and clustering patterns in the spatial distribution of Galician megaliths (NW Iberian Peninsula). Archaeol Anthropol Sci 11, 2097–2108. https://doi.org/10.1007/s12520-018-0662-2

Howey MC, Clark M. (2017). Analyzing landform patterns in the monumental landscape of the northern Great Lakes, 1200–1600CE. J Archaeol Sci Rep.; https://doi.org/10.1016/j.jasrep.2017.05.033

Howey MCL, Palace MW, McMichael CH. Geospatial modeling approach to monument construction using Michigan from A.D. 1000–1600 as a case study. Proc Natl Acad Sci. 2016;113: 7443–7448. pmid:27330115 https://doi.org/10.1073/pnas.1603450113

Hunt TL, Lipo CP. (2006). Late colonization of Easter island. Science. 311: 1603–1606. pmid:16527931

Hunt TL, Lipo C. (2018). The Archaeology of Rapa Nui (Easter Island). In: Cochrane EE, Hunt TL, editors. The Oxford Handbook of Prehistoric Oceania. New York: Oxford University Press. pp. 416–449. Available: https://doi.org/10.1093/oxfordhb/9780199925070.013.026

Hunt TL, Lipo CP. (2011). The Statues That Walked: Unraveling the Mystery of Easter Island. New York: Free Press.

Lipo CP, Hunt TL. (2016). Chronology and Easter Island prehistory. In: Stefan VH, Gill GW, editors. Skeletal Biology of the Ancient Rapanui (Easter Islanders). Cambridge: Cambridge University Press. pp. 39–65.

Martinsson-Wallin H. (1994) Ahu—The Ceremonial Stone Structures of Easter Island. Uppsala: Societas Archaeologica Upsaliensis.

McMichael CH, Palace MW, Golightly M. (2014) Bamboo-dominated forests and pre-Columbian earthwork formations in south-western Amazonia. J Biogeogr. ;41: 1733–1745 https://doi.org/10.1111/jbi.12325

Van Tilburg JA (1994). Easter Island: Archaeology, Ecology, and Culture. Washington, D.C: Smithsonian Institution Press.